EURL ou SASU : tableau comparatif pour vous aider à décider

Le choix entre l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) constitue l’une des décisions les plus stratégiques pour un entrepreneur souhaitant créer sa société en solo. Ces deux formes juridiques unipersonnelles offrent des avantages distincts en matière de fiscalité, de protection sociale et de gestion administrative. Contrairement à l’entreprise individuelle, elles permettent de séparer le patrimoine personnel du patrimoine professionnel tout en bénéficiant d’une structure sociétaire adaptée aux projets entrepreneuriaux modernes. La complexité de cette décision réside dans l’impact significatif que chaque statut aura sur votre rémunération nette, vos cotisations sociales et vos perspectives de développement future.

Statut juridique et capital social : différences fondamentales entre EURL et SASU

Régime de l’associé unique en EURL versus actionnaire unique en SASU

L’EURL constitue la forme unipersonnelle de la SARL (Société à Responsabilité Limitée), tandis que la SASU représente la déclinaison à associé unique de la SAS (Société par Actions Simplifiée). Cette distinction fondamentale influence directement le fonctionnement juridique de chaque structure. En EURL, l’associé unique détient des parts sociales qui lui confèrent des droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux définis par la loi. Les règles de fonctionnement sont largement encadrées par le Code de commerce, offrant un cadre sécurisant mais moins flexible.

La SASU, quant à elle, accorde une liberté statutaire considérablement plus importante à l’actionnaire unique. Les statuts peuvent définir librement l’organisation de la société, les pouvoirs du président et les modalités de prise de décision. Cette souplesse permet d’adapter la structure aux besoins spécifiques de l’activité et aux évolutions futures envisagées.

Capital minimum requis et modalités de libération des apports

Aucun capital social minimum n’est exigé pour la création d’une EURL ou d’une SASU, permettant une constitution avec un euro symbolique. Cependant, les modalités de libération des apports diffèrent sensiblement entre les deux structures. En EURL, l’associé unique doit libérer au minimum 20% des apports en numéraire lors de la constitution, le solde devant être versé dans les cinq années suivant l’immatriculation.

Pour la SASU, l’exigence de libération initiale s’élève à 50% des apports en numéraire, imposant un engagement financier plus conséquent dès la création. Cette différence peut influencer le choix selon les capacités de financement initiales de l’entrepreneur. Les apports en nature doivent être intégralement libérés dès la constitution dans les deux cas, avec la possibilité de recourir à un commissaire aux apports selon les montants concernés.

Responsabilité limitée et protection du patrimoine personnel

L’EURL et la SASU offrent toutes deux le bénéfice de la responsabilité limitée, protégeant le patrimoine personnel de l’entrepreneur. Dans les deux structures, la responsabilité de l’associé unique se limite au montant de ses apports, sauf en cas de faute de gestion avérée ou de cautions personnelles accordées. Cette protection constitue un avantage déterminant par rapport au statut d’entrepreneur individuel.

La séparation entre patrimoine personnel et professionnel représente l’un des bénéfices majeurs des sociétés unipersonnelles, offrant une sécurité juridique et financière appréciable aux entrepreneurs.

Transmission des parts sociales versus cession d’actions

Les modalités de transmission diffèrent notablement entre EURL et SASU. En EURL, la cession de parts sociales est soumise à des droits d’enregistrement de 3% après application d’un abattement. La procédure implique la rédaction d’un acte de cession et l’accomplissement de formalités spécifiques auprès du service des impôts.

La SASU bénéficie d’un régime plus avantageux avec des droits d’enregistrement limités à 0,1% du prix de cession. Cette différence tarifaire peut représenter un avantage significatif lors d’opérations de transmission ou d’ouverture du capital. De plus, la cession d’actions en SASU s’avère généralement plus souple et rapide à mettre en œuvre.

Régime fiscal comparé : IS, IR et optimisation fiscale pour dirigeants

Option pour l’impôt sur le revenu en EURL : régime des BIC et BNC

L’EURL présente par défaut une imposition à l’impôt sur le revenu (IR) lorsque l’associé unique est une personne physique. Les bénéfices sont alors intégrés dans la déclaration personnelle de revenus selon la nature de l’activité exercée. Les activités commerciales, industrielles ou artisanales relèvent des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), tandis que les prestations de services et professions libérales sont imposées dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC).

Cette imposition transparente présente l’avantage de permettre l’imputation des déficits éventuels sur les autres revenus du foyer fiscal. L’EURL peut également opter pour le régime micro-entreprise sous certaines conditions, simplifiant considérablement les obligations déclaratives et comptables. Le seuil de chiffre d’affaires s’élève à 188 700 euros pour les activités de vente et 77 700 euros pour les prestations de services.

Imposition des bénéfices à l’IS : taux réduit et taux normal

La SASU est soumise par défaut à l’impôt sur les sociétés (IS), avec la possibilité d’opter temporairement pour l’IR pendant cinq exercices maximum sous certaines conditions. Le taux de l’IS s’établit à 15% sur les premiers 42 500 euros de bénéfices pour les PME éligibles, puis 25% au-delà de ce seuil. Cette progressivité permet d’optimiser la charge fiscale pour les entreprises aux résultats modestes.

L’EURL peut également opter pour l’IS de manière irrévocable, bénéficiant alors des mêmes taux que la SASU. Cette option s’avère particulièrement intéressante lorsque l’entrepreneur souhaite réinvestir une partie importante des bénéfices dans l’activité ou optimiser sa rémunération globale en combinant salaire et dividendes.

Régime fiscal des dividendes : prélèvements sociaux et flat tax

L’imposition des dividendes suit des règles identiques en EURL et SASU lorsque ces sociétés sont soumises à l’IS. Le régime de droit commun applique le prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax » au taux global de 30%, comprenant 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux. L’associé unique peut opter pour l’imposition au barème progressif de l’IR après application d’un abattement de 40%.

Cette option pour le barème progressif peut s’avérer avantageuse pour les contribuables dont le taux marginal d’imposition reste inférieur à 30%. Le choix s’effectue globalement sur l’ensemble des revenus de capitaux mobiliers ou spécifiquement pour chaque distribution selon la stratégie fiscale optimale.

Déductibilité des charges et optimisation de la rémunération dirigeant

L’optimisation fiscale diffère sensiblement selon le régime d’imposition choisi. En EURL soumise à l’IR, la rémunération du gérant associé unique n’est pas déductible des bénéfices, créant une situation de double imposition potentielle. À l’inverse, l’option pour l’IS permet la déduction de la rémunération du dirigeant, réduisant l’assiette imposable de la société.

En SASU, la rémunération du président est systématiquement déductible du résultat imposable à l’IS. Cette déductibilité permet d’ajuster finement l’équilibre entre rémunération directe et mise en réserve des bénéfices. L’entrepreneur peut ainsi optimiser sa fiscalité globale en fonction de sa situation personnelle et des projets de développement de l’entreprise.

Régime social du dirigeant : TNS versus assimilé salarié

Protection sociale du gérant d’EURL : RSI et régime des indépendants

Le gérant associé unique d’EURL relève du régime des travailleurs non-salariés (TNS), désormais intégré au régime général de la Sécurité sociale sous l’appellation Sécurité sociale des indépendants (SSI). Ce régime présente des cotisations sociales généralement moins élevées, représentant environ 40 à 45% de la rémunération nette, mais offre une protection sociale moins complète que le régime général.

Les cotisations minimales restent dues même en l’absence de rémunération, s’élevant approximativement à 1 200 euros par an. Cette particularité peut représenter un inconvénient pour les entrepreneurs ne souhaitant pas se verser de rémunération immédiate. Le régime TNS peut être complété par des contrats d’assurance spécifiques (loi Madelin) pour améliorer la couverture en matière de prévoyance et de retraite complémentaire.

Statut assimilé salarié du président de SASU : régime général de la sécurité sociale

Le président de SASU bénéficie du statut d’assimilé salarié, relevant du régime général de la Sécurité sociale. Cette affiliation offre une protection sociale étendue, comparable à celle des salariés, mais exclut l’assurance chômage. Les cotisations sociales s’élèvent approximativement à 75% du salaire net, soit environ 55% du salaire brut, représentant un coût significativement plus élevé que le régime TNS.

L’avantage majeur réside dans l’absence de cotisations minimales en cas de rémunération nulle. Le président peut ainsi choisir de ne pas se verser de salaire sans supporter de charges sociales obligatoires. Cette souplesse s’avère particulièrement appréciable lors des premières années d’activité ou en cas de difficultés passagères.

Cotisations sociales sur rémunération et dividendes : calculs comparatifs

La différence de traitement social des dividendes constitue un élément déterminant dans le choix entre EURL et SASU. En EURL, les dividendes versés au gérant TNS sont assujettis aux cotisations sociales pour la part excédant 10% du montant total comprenant le capital social, les primes d’émission et les apports en compte courant d’associé. Cette règle peut générer des cotisations supplémentaires importantes selon le niveau de capitalisation de la société.

Les dividendes en SASU échappent entièrement aux cotisations sociales, ne supportant que les prélèvements sociaux de 17,2%, offrant ainsi un avantage fiscal significatif pour l’optimisation de la rémunération du dirigeant.

Pour illustrer cette différence, considérons une EURL avec un capital de 10 000 euros distribuant 30 000 euros de dividendes. La fraction excédant 1 000 euros (10% du capital) sera soumise aux cotisations TNS à environ 45%, générant des charges supplémentaires de 13 050 euros. En SASU, ces mêmes dividendes ne supporteraient que la flat tax de 30%.

Couverture maladie, retraite et chômage : avantages et inconvénients

La couverture maladie reste relativement similaire entre les deux régimes, avec des taux de remboursement équivalents. Les principales différences concernent la retraite et la prévoyance. Le régime TNS offre des droits à retraite généralement inférieurs, basés sur un système de points moins généreux que le régime général. Les indemnités journalières en cas d’arrêt maladie sont également moins favorables, avec des conditions d’attribution plus strictes.

Le président de SASU bénéficie d’une couverture retraite alignée sur celle des salariés, avec validation de trimestres selon les rémunérations versées. L’absence de couverture chômage peut néanmoins constituer un inconvénient, bien que des solutions d’assurance privées existent pour pallier cette lacune. Cette différence de protection influence directement le choix selon l’âge et la situation personnelle de l’entrepreneur.

Formalisme juridique et obligations déclaratives annuelles

L’EURL et la SASU partagent des obligations comptables et déclaratives similaires, nécessitant la tenue d’une comptabilité régulière et l’établissement de comptes annuels comprenant bilan, compte de résultat et annexes. L’approbation des comptes par l’associé unique constitue une formalité obligatoire dans les deux cas, avec établissement d’un procès-verbal de décision. La nomination d’un commissaire aux comptes devient obligatoire lorsque deux des trois seuils sont dépassés : 4 millions d’euros de bilan, 8 millions d’euros de chiffre d’affaires et 50 salariés.

Les obligations déclaratives diffèrent principalement au niveau social. L’EURL nécessite une déclaration sociale des indépendants (DSI) annuelle, tandis que la SASU impose l’établissement de bulletins de paie mensuels et la transmission de déclarations sociales nominatives (DSN) lorsque le président perçoit une rémunération. Cette différence administrative peut influencer le choix selon la complexité de gestion souhaitée et les ressources disponibles pour assurer ces obligations.

La souplesse statutaire de la SASU permet d’adapter finement les règles de fonctionnement aux besoins spécifiques de l’activité. Les statuts peuvent prévoir des organes de contrôle, définir des processus décisionnels particuliers ou organiser la gouvernance en prévision d’une évolution vers une structure multi-associés. Cette flexibilité représente un atout considérable pour les entrepreneurs ambitieux.

Évolution et transformation : passage d’EURL en SARL ou de SASU en SAS

L’ouverture du capital à

de nouveaux associés constitue un enjeu majeur différenciant l’EURL de la SASU. L’EURL se transforme automatiquement en SARL lors de l’entrée d’un second associé, nécessitant une modification statutaire et la publication d’une annonce légale. Cette transformation implique des formalités administratives spécifiques et des coûts additionnels, mais reste relativement encadrée par la réglementation.

La SASU offre une évolution plus fluide vers la SAS, particulièrement appréciée des investisseurs et des entrepreneurs ambitieux. L’entrée de nouveaux actionnaires ne nécessite pas de changement fondamental de structure, permettant une croissance organique plus naturelle. Cette facilité d’évolution explique en partie pourquoi la SASU séduit les startups et les entreprises technologiques en recherche de financement externe.

Les modalités d’augmentation de capital diffèrent également entre les deux structures. En EURL, l’augmentation de capital requiert la rédaction d’un procès-verbal de l’associé unique et l’accomplissement de formalités spécifiques au greffe. La SASU bénéficie d’une plus grande souplesse, permettant la création de différentes catégories d’actions avec des droits particuliers, facilitant ainsi les montages financiers complexes.

L’évolutivité vers une structure multi-associés représente un critère déterminant pour les entrepreneurs envisageant une croissance rapide ou une levée de fonds future.

Critères de choix selon l’activité : professions libérales, commerce et prestations de services

Le choix entre EURL et SASU dépend largement de la nature de l’activité exercée et des perspectives de développement envisagées. Les professions libérales réglementées peuvent parfois subir des restrictions spécifiques selon leur ordre professionnel. Certaines professions médicales ou juridiques privilégient traditionnellement l’EURL pour sa stabilité juridique et son encadrement réglementaire, tandis que les professions du conseil et du numérique optent plus fréquemment pour la SASU.

Les activités commerciales traditionnelles trouvent généralement dans l’EURL un cadre adapté, particulièrement lorsque l’entrepreneur privilégie la maîtrise des coûts sociaux et une gestion administrative simplifiée. Les charges sociales réduites du régime TNS permettent d’optimiser la rentabilité, especially importante dans les secteurs à forte concurrence tarifaire. L’option pour le régime micro-entreprise renforce cette attractivité pour les petites structures commerciales.

Les prestations de services intellectuelles et les activités innovantes s’accommodent mieux de la flexibilité offerte par la SASU. La possibilité de moduler la rémunération entre salaire et dividendes, combinée à l’absence de cotisations sociales sur les distributions, permet une optimisation fine de la fiscalité. Cette souplesse s’avère particulièrement précieuse pour les consultants, les freelances et les entrepreneurs du secteur technologique.

Les entrepreneurs envisageant un développement international gagneront à privilégier la SASU, dont la structure actionnariale facilite les partenariats et les prises de participation étrangères. La SASU présente également un avantage pour les activités saisonnières, permettant de ne pas se rémunérer pendant les périodes creuses sans supporter de cotisations minimales. Cette flexibilité contraste avec l’EURL qui impose des cotisations TNS même en l’absence de revenus.

L’âge de l’entrepreneur constitue un facteur déterminant dans ce choix stratégique. Les jeunes entrepreneurs peuvent privilégier la SASU pour sa meilleure couverture retraite et sa capacité d’évolution, tandis que les entrepreneurs expérimentés peuvent préférer l’EURL pour ses charges sociales réduites et sa gestion simplifiée. La situation familiale influence également cette décision, le statut de conjoint collaborateur en EURL offrant des possibilités spécifiques inexistantes en SASU.

Finalement, la décision entre EURL et SASU ne peut être prise qu’au regard d’une analyse globale intégrant l’activité exercée, les perspectives de croissance, la situation personnelle de l’entrepreneur et ses objectifs patrimoniaux. Cette réflexion stratégique mérite l’accompagnement d’un expert-comptable ou d’un conseil juridique pour optimiser le choix initial et anticiper les évolutions futures de la structure entrepreneuriale.

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